Alger, lycée Bugeaud
La distribution des prix au grand Lycée - 1929

 

La distribution des prix au grand Lycée

La cérémonie de la distribution des prix aux élèves du Grand Lycée d'Alger s'est déroulée dans la cour d'honneur de l'établissement, richement décorée de plantes vertes et abondamment pavoisée aux couleurs nationales, et sous la présidence de M. J. Causeret, maître des requêtes au Conseil d'État, secrétaire général du Gouvernement général de l'Algérie.

Sur l'estrade autour de MM. Causeret, Tailliart, recteur de l'Académie, et Sauvage, proviseur du Lycée, avaient pris place, M. Marcel Bordes, représentant M. le Gouverneur Général ; M. Atger, préfet d'Alger ; M, Laffont, adjoint, représentant le Maire et les hautes personnalités civiles et militaires d'Alger.

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L'Afrique du Nord illustrée du 13-7-1929 - Envoi : Francis Rambert
mise sur site mars 2021

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La distribution des prix au grand Lycée

La cérémonie de la distribution des prix aux élèves du Grand Lycée d'Alger s'est déroulée dans la cour d'honneur de l'établissement, richement décorée de plantes vertes et abondamment pavoisée aux couleurs nationales, et sous la présidence de M. J. Causeret, maître des requêtes au Conseil d'État, secrétaire général du Gouvernement général de l'Algérie.

Sur l'estrade autour de MM. Causeret, Tailliart, recteur de l'Académie, et Sauvage, proviseur du Lycée, avaient pris place, M. Marcel Bordes, représentant M. le Gouverneur Général ; M. Atgcr, préfet d'Alger ; M, Laffont, adjoint, représentant le Maire et les hautes personnalités civiles et militaires d'Alger.

M. Vallée, agrégé des lettres et professeur de seconde prononce le discours d'usage. Avec clarté, précision et élégance, il fait l'éloge de la culture générale, qui est considérée comme un moyen excellent, destiné à permettre à chacun de se livrer plus tard avec le plus de fruit possible à son activité professionnelle.
" C'est, Mesdames et Messieurs, que le jeune homme muni d'une culture générale est mieux armé qu'un autre pour la vie. L'étude des mathématiques, la pratique de la version et du thème latins lui ont donné, sinon la précision et la rigueur de l'esprit (c'est ce qui a lieu dans les cas les plus favorables), du moins la notion de cette précision et de cette rigueur. Il aura toujours de la répugnance pour les enthousiasmes trop simples, ceux qui proviennent d'idées mal pensées et mal fondées. L'étude de la philosophie, du français, de l'histoire et d'une ou deux langues vivantes lui a fait connaître l'extrême diversité des hommes et le nombre infini des nuances de la pensée : il possède ainsi, dès sa sortie du lycée, un petit capital de connaissances psychologiques empruntées à l'expérience de vingt-cinq siècles : et cela lui évitera sans doute d'avoir à l'acquérir à ses dépens. Enfin, la pratique des sciences de la nature lui a enseigné que celle-ci ne livre pas facilement ses secrets, qu'elle semble narguer le chercheur et qu'il faut mille expériences pour confirmer une hypothèse. Ces connaissances, ces doutes, ces aspirations vers une vérité plus rigoureuse sont logés pour ainsi dire tout au fond de son esprit, où elles ont été déposées pendant son adolescence, c'est-à-dire pendant la période de la vie la plus favorable à l'acquisition de notions durables : elles ne le gênent point : elles font partie de lui-même. Et comme cette culture lui aura donné aussi la curiosité de son propre esprit, il est permis de penser que, placé devant la nécessité de choisir une profession, il pourra choisir en connaissance de cause.

Voilà, Mesdames et Messieurs, exposées le plus succinctement possible les raisons de l'attachement que le corps enseignant et, pensons nous, la plupart des parents d'élèves portent à la culture générale. Elle n'est pas exclusive : chaque matière y participe, chaque professeur y concourt. Elle n'est pas orgueilleuse, puisque, bien comprise, elle doit inspirer la modestie. Elle n'est pas vaine et purement idéale, puisque dans la vie elle est la meilleure des armes. Puissions-nous essayer de la dispenser chaque année à des élèves plus nombreux ! "