Un décret du 17 avril 1835 institua le premier
collège français d'Alger. Il eut pour local un modeste bâtiment
situé rue des Trois-Couleurs et rue Jenina. Son principal était
M. Barthélémy, précédemment directeur d'une
école d'enseignement mutuel qui avait été ouverte,
dans ce même local, par le baron Voirol le 27 mai 1833 (Peu
après la prise d'Alger on avait organisé un enseignement
de la langue du pays. Le 6 décembre 1832 M. Joanny Pharaon, interprète
avait ouvert un cours d'arabe. Puis une école franco-arabe avait
été ouverte rue Porte-Neuve, dirigée par M. Delpeille.
La distribution des prix se faisait en grand apparat non dans l'école
mais à la Grande Mosquée. En mai 1839 un collège
arabe sera institué à Paris.). Il eut pour collaborateurs
MM. Pothier, Desclaux et Galtier. Les élèves venaient d'une
école libre qui avait fonctionné rue
Socgémah, puis rue du Sagittaire. Ils étaient
fils de fonctionnaires, de soldats ou de colons (habitants de la colonie).
Les études du collège n'allaient pas au-delà de la
troisième. Plus tard viendront les classes d'humanités,
de rhétorique et de philosophie.
Le collège, à son ouverture, reçoit 36 élèves
(165 en 1847). Les locaux devenant insuffisants, l'administration choisit
une ancienne caserne de janissaires construite en 1551 sous le Pacha AbouMohamed-Assam
qui avait défendu Alger contre Charles-Quint en 1541 ( Un
document indique qu'en 1913 l'emplacement était occupé par
la maison Larade.). Cette caserne était appelée
" Dar Yenkcheria Labendjia " (caserne
des buveurs de petit-lait).
Les élèves occupèrent les nouveaux locaux en octobre
1848.
M. Charles de Galland a laissé une monographie intéressante
de cet établissement qu'on nomma " Verum Sacrumque Mousseion
" (mélange de latin et de grec qui signifie à peu près
" sanctuaire du Vrai et du Sacré ").
La façade donnait sur la rue Bab-Azoun
(29 m de longueur). Du côté de la mer, c'était une
falaise battue par les vagues ( Le collège
sera transformé en lycée peu après 1848.).
Chaque armée, on distribuait les prix en grande pompe en présence
de personnages célèbres. On y verra Pélissier, Mac-Mahon
et bien d'autres.
Au premier étage, on trouvait des salles luxueusement décorées
dont le cabinet du proviseur de style mauresque (murs recouverts de faïences
bleues, jaunes et vertes, plafond en bois peint). C'était la chambre
qu'avait occupée autrefois le khasnadji Ismaël. D'autres pièces
avaient été les chambres d'Hassam-Pacha, d'Ibrahim-Agha
gendre du dey Hussein, etc. De la chambre de Yaya-Agha (
Un des derniers commandants des janissaires d'Alger. ), on
fit la chapelle du lycée.
Malgré ses proportions le local fut déclaré insuffisant
et, en 1857, on lui adjoignit la caserne Massinissa (sur l'emplacement
de la rue Littré et la
partie nord du square Bresson) ( Jusqu'en
1848 il n'y eut pas de recteur à Alger. Le premier poste sera occupé
par M. Delacroix. Notons qu'en 1845 on avait donné dans ces locaux
un bal célèbre en l'honneur du maréchal Bugeaud.).
Ce ne fut qu'un expédient. Il fallut entreprendre la construction
d'un nouveau lycée.
Les travaux commencèrent en 1862 sur un emplacement où se
trouvaient la mosquée d'El-Mosella, l'oratoire Bou-touil, et le
marabout Sidi-Salem au- dessus duquel s'élevait un palmier qu'on
transporta au square de la Régence en 1862.
Au cours des fouilles effectuées pour les fondations, on découvrit
un columbarium possédant intacte sa vaisselle funéraire.
Le nouveau lycée fut livré en 1868. L'ancien fut démoli
en 1873 et ses belles colonnes de marbre décorèrent la porte
de la salle à manger du Palais d'Eté, les faïences
ornèrent les salons. Le nouveau lycée se composait de trois
grands corps de bâtiment reliés entre eux, de trois grandes
cours et de deux petites. Il couvrait une surface de 1,42 ha et la construction
coûta 2902000 F.
En 1886, il fallut créer une annexe qui fut installée à
Ben-Aknoun dans une ancienne propriété des Jésuites.
Enfin en 1898, on crée le lycée de Mustapha.
Quelques professeurs ont laissé leurs noms : le savant Emile Masqueray,
Paul Monceau du Collège de France, Georges Duruy, Jules Lemaître,
Louis Bertrand, Maurice Wahl, l'archéologue Waill, Demontès,
et Charles de Galland qui devint maire d'Alger.
|